Alain Célérier : « Travailler en équipe et faire preuve de transparence sont mes deux objectifs majeurs »

Alain Célérier : « Travailler en équipe et faire preuve de transparence sont mes deux objectifs majeurs »

Alain Célérier, récemment élu président de l’Université de Limoges, nous parle de ses projets pour l’université.

Quelle sorte de président allez-vous être ?

Je souhaite être un président ouvert au dialogue et respectueux des autres. Travailler en équipe et faire preuve de transparence sont mes deux objectifs majeurs.

Quels changements allez-vous initier ?

Durant ces 4 dernières années, nous avons constaté que les conseillers, personnels et étudiants étaient très peu impliqués dans la prise de décision, même si les instances les y autorisent. Ce n’est pas dans la tradition de collégialité propre à notre système universitaire. Aussi, de nouvelles commissions ont été créées. Les statuts prévoient des commissions permanentes – ouvertes aux élus des conseils – et des commissions adhoc – ouvertes aux élus et aux non élus. Toute personne ayant des choses à dire, étudiant ou personnel, pourra y participer. Nous traiterons des questions de fond sur le fonctionnement de notre université : les questions financières, l’attractivité, le bien-être au travail ou encore l’égalité femme-homme.

Quel sera le fil rouge de votre mandat ?

Comme mes prédécesseurs, je souhaite faire en sorte que notre université existe sur le plan national. Et ce n’est pas un objectif évident à maintenir ! Dans un contexte national où l’on parle d’universités de recherche et de collèges universitaires, nous devons trouver notre place en tant qu’université de recherche et de formation… Par ailleurs, il y a un sujet encore peu traité jusque-là. Nous souhaiterions faire de Limoges, une vraie ville étudiante. Nos campus sont dispersés et nous devons créer des liens entre eux. Nous avons donc le projet – avec la ville, l’agglomération, mais surtout les étudiants – de proposer un tiers lieu permettant à tous les étudiants de l’enseignement supérieur de se retrouver. Ils pourraient alors créer leurs activités, se rencontrer et échanger. C’est le bon moment pour aborder cette problématique déjà identifiée. Nous devons montrer que Limoges, qui est la deuxième aire urbaine de cette grande région, est une vraie ville universitaire.

Quels sont vos projets pour la recherche ?

L’activité de recherche scientifique est certainement ce qui est le plus visible et mesurable au niveau national et international. Nous devons continuer à la soutenir et à maintenir sa cohérence, favoriser le développement de nouvelles niches, sans tomber dans une dispersion illisible. Le secteur santé a connu une très forte progression ces 10 dernières années. L’enjeu est désormais de s’associer plus encore aux grands organismes de recherche, comme l’INSERM, pour augmenter notre poids au niveau national. Des concertations sont en cours. Nous recherchons également des partenaires, au sein de la COMUE et/ou de la grande région, pour intégrer une maison des sciences de l’homme. Cette maison apporterait plus de facilités de collaborations aux collègues des sciences humaines et sociales.

Pour l’international ?

Durant le mandat d’Hélène Pauliat, nous avons structuré le soutien à l’internationalisation de la recherche et de la formation. Nos actions doivent maintenant porter leurs fruits. Nous souhaiterions aussi favoriser plus encore la mobilité de nos étudiants à l’international. Nous devons pour cela recentrer nos partenariats sur quelques universités européennes. Ces partenariats devraient permettre un échange équilibré et ainsi augmenter la mobilité de nos étudiants. Il faut également créer en interne une culture internationale…

Pour les relations partenariales ?

Il y a plusieurs niveaux de relations partenariales :

  • avec la COMUE : nous avons construit cette Université Confédérale Léonard de Vinci avant que le périmètre des régions ne change, avec des universités de taille comparable. Loïc Vaillant, son nouveau président a pour slogan « faire ensemble ce que nous ne sommes pas capables de faire seul ». Il y a beaucoup de sujets sur lesquels nous pourrions progresser ensemble, comme la création de masters internationaux sur des sujets pointus et communs à nos établissements et le départ de La Rochelle ne remet pas en cause ces objectifs.
  • dans la grande région : nous devons trouver une façon de travailler avec nos homologues. Nous devons être complémentaires et éviter toute concurrence stérile sur les masters et la recherche. Il y a une vraie volonté de chaque établissement. Souhaitons aussi que le Conseil Régional comprenne l’intérêt de sites universitaires comme celui de Limoges pour le développement économique de l’ensemble du territoire…
    Le 8 juillet dernier, nous avons exprimé publiquement nos inquiétudes quant aux changements des modalités de soutien imposées par la nouvelle grande région. En effet, le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine décidait de rompre le contrat d’objectifs et de moyens (COM) que nous avions avec la Région Limousin. En complément du Contrat de Plan Etat Région (CPER), ce contrat venait compléter les mesures de soutien à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation par la région Limousin. Le dernier COM a été signé par Gérard Vandenbroucke, alors Président du Conseil Régional du Limousin,  en 2015 pour cinq ans et pour un montant total de 36M€, sur la base d’une stratégie concertée. De façon unilatérale, le Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine a décidé de rompre ce contrat.  Nous avons alors dénoncé l’impact très négatif de cette position pour notre université dans une déclaration adressée à Alain Rousset. Nous avons mobilisé les médias et nous sommes fait entendre. La nouvelle région nous propose désormais une période de transition sur certains points. Par exemple, en 2016, nous avions 40 bourses d’allocations de recherche attribuées de manière automatique. En 2017, nous en aurions 20. En 2018, nous en aurions 10 puis ces allocations ne nous seraient plus versées automatiquement. Nous pourrons répondre aux appels à projets dès 2017 afin d’obtenir d’autres allocations et d’autres financements. Nous restons vigilants quant au traitement que fera l’exécutif régional des projets présentés par notre université.
  • avec le monde économique : nous devons donner un second souffle à la fondation partenariale. Les membres fondateurs avaient apportés 2,5 millions d’euros lors de sa création. En 5 ans, l’activité de la fondation se chiffre à 11 millions d’euros ! Un joli effet levier… Nous avons besoin qu’elle continue à jouer ce rôle de proximité, d’incitateur de projets et de développement économique. Une recapitalisation est nécessaire.

Qu’en est-il du budget ?

C’est un sujet préoccupant. Nous savions que nous rencontrions des difficultés financières – qui datent du passage à l’autonomie. Ces difficultés se sont progressivement accentuées par un désengagement relatif de l’Etat qui ne compense pas les dépenses qu’il impose !

Nous finissons l’année 2015 en négatif et devons donc redresser la barre. Nous avons identifié que notre offre de formation était trop coûteuse. Nous souhaitons réduire le coût de la prochaine offre de formation, sans en changer le spectre et, en même temps, en améliorant son efficacité. Nous avons chiffré à 2 millions d’euros cette économie, nécessaire pour sortir du « rouge » et retrouver des capacités d’investissement. Il faut savoir que nous comptons actuellement 6 millions d’euros d’heures complémentaires. Il y a de la marge… Nous pouvons par exemple construire des diplômes en partenariat avec d’autres universités. On  peut ainsi réduire le coût de certains masters à faible effectif mais qui sont indispensable au soutien de notre activité de recherche. La nouvelle offre de formation sera mise en place en 2018, c’est maintenant qu’il faut agir. Nous pourrons ensuite recommencer à investir et initier de nouveaux projets.

Un petit mot sur Hélène Pauliat ?

C’est une personne brillante, qui a apporté un rayonnement national à l’Université de Limoges ! Elle sait travailler en équipe et faire confiance. C’est pour moi un modèle…

Propos recueillis par Candice Malagnoux

33 rue François Mitterrand
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