Valérie Legros : « Dépasser l’illusion d’égalité »

Valérie Legros – Maîtresse de Conférences en sciences de l’éducation – a été nommée Vice-Présidente déléguée à l’égalité et à la qualité de vie. Quelles sont ses missions ? Que va-t-elle mettre en place ? Explications !

Qu’entend-on par égalité et qualité de vie ?

La notion d’égalité porte principalement sur la question entre les femmes et les hommes. Elle s’ouvrira également à d’autres types de discriminations car je suis également référente « racisme et antisémitisme ». La notion de qualité de vie porte, quant à elle, sur la mise en place de conditions de travail moins stressantes afin de lutter contre la souffrance au travail. Celle-ci se retrouve chez beaucoup d’agents.

Pourquoi était-ce important de créer un titre de VP sur cette mission ?

Jacques Fontanille a été le premier à me confier cette charge de mission. Hélène Pauliat l’a renouvelé. Cela fait longtemps que je travaille sur les questions d’égalité – entre les femmes et les hommes mais aussi entre les filles et les garçons dans l’école. Je me suis alors aperçue qu’il y avait beaucoup d’inégalités au sein de l’université. Cela nécessitait un vrai projet de travail à mettre en place. Nous avons commencé par la question des promotions des enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs. Nous avons également mené le projet Equalim* afin de mettre en place d’autres actions en faveur de l’égalité. Alain Célérier est personnellement investi sur cette question. Cette vice-présidence affiche une montée en puissance de cette question. Elle concerne désormais les personnels et les étudiant.e.s.

La qualité de vie est un sujet qui m’intéresse beaucoup aussi. Je suis à la fois spectatrice et actrice d’un monde de plus en plus stressant. En tant qu’enseignante-chercheuse, on nous confie de plus en plus de missions. Les heures de travail s’accumulent. Il nous faut trouver un nouveau mode de fonctionnement pour mettre en place un environnement de travail plus serein.

Que souhaiteriez-vous mettre en place et dans quels délais ?

Pour ce qui est de l’égalité, je mets actuellement en place des formations et une communication non sexiste. Cette communication me tient à cœur parce qu’elle permet de rendre visibles les femmes au sein de l’université. Nous sommes presque à la parité dans l’Université de Limoges, pourtant nous utilisons beaucoup plus le masculin ! Il y a là une vraie inégalité. Les chargé.e.s de communication seraient prioritaires pour ces formations – mais aussi toute personne intéressée. Je cherche des intervenant.e.s pertinent.e.s dans un contexte universitaire pour sensibiliser et réfléchir à la mise en place d’actions.

Pour ce qui est de la qualité de vie, je travaille sur une charte pour mieux encadrer les temps de travail. Par exemple, il ne faudrait pas planifier de réunion à 17h ! Je travaille également à la construction d’un groupe de travail sur le harcèlement sexuel. Ce groupe sera chargé de mettre en place un dispositif de prise en charge des victimes. C’est une demande forte du ministère.

Les personnels, les étudiantes et étudiants peuvent-ils vous faire remonter des observations ?

Oui bien sûr ! J’observe et je suis informée par d’autres chargé.e.s de missions de problèmes rencontrés dans d’autres universités, mais il faut me faire remonter les problèmes qui se posent localement.

Y a-t-il beaucoup de travail pour améliorer l’égalité au sein de l’université ?

Notre pays prône les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous pensons que nous vivons dans une société égalitaire. Ce n’est pas le cas et cela nous paraît normal. Dans les travaux de recherche sur l’égalité, on parle souvent d’illusion d’égalité. Il faut la dépasser pour découvrir les vraies inégalités et ensuite pouvoir les traiter.

Toutes les universités se sont-elles engagées dans cette démarche ?

Normalement oui ! Le ministère demande à ce que des chargé.e.s de missions soient nommé.e.s au sein de toutes les universités. Nous nous sommes rendu compte que quelques-unes avaient nommé des vice-président.e.s à l’égalité comme à Limoges. Sur 71 universités et assimilées au sein de la CPED**, nous faisons partie de ces 12 universités pionnières en matière d’égalité !

Propos recueillis par Candice Malagnoux

 

* Le projet EQUALIM a été fondé sur l’engagement de l’Université de Limoges à veiller à l’égalité entre les femmes et les hommes en son sein. Il se caractérise par sa dimension internationale et s’inscrit dans un réseau de 5 universités européennes partenaires très réputées pour leur engagement en matière d’égalité femmes/hommes et ayant mis en œuvre des politiques et des stratégies spécifiques localement.

** Conférence permanente des chargé.e.s de mission Egalité Diversité. Il s’agit de l’association qui réunit les chargé.e.s de mission et vice-président.e.s chargé.e.s des questions d’égalité au sein des universités françaises et autres établissements adhérents.

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